Mis à jour le 22/07/2022

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Pascal Hiéronimus, prestataire agréé de BCI à Kiev et dirigeant de Est Expansion, société implantée en Ukraine depuis près de 25 ans et spécialisée dans le développement d’entreprise française en Ukraine, propose aux entreprises bretonnes une veille de l’activité économique et business en Ukraine depuis le début du conflit.

Est Expansion se réorganise depuis l’invasion Russe pour poursuivre ses activités et supporter aux mieux ses équipes et ses clients.

Cette note a pour objectif de partager son expérience et sa vision du terrain sur les dernières semaines, les évolutions de l’activité économique et des opérateurs en Ukraine depuis l’invasion russe.

COMPORTEMENT DE LA FILIERE ELEVAGE

Voici ce que nous observons sur le terrain avec des situations qui varient beaucoup d’une région à l’autre, les régions du grand Ouest et du Centre étant préservées :

  • Bombardements d’élevages dans les régions de Kiev, Tchernigov, Soumy, Kharkov, Donetsk, Lougansk, Zaporojie, Nikolaïev, Kherson.
  • Rupture des canaux d’approvisionnement avec un manque d’ingrédients et de matières premières pour la nutrition animale. Des ruptures aussi de produits vétérinaires puisque des laboratoires ont été touchés en région de Kiev et de Kharkov et certains fabricants étrangers n’ont toujours pas repris les livraisons sur l’Ukraine.
  • Difficultés logistiques (pénurie et hausse du prix du carburant, délocalisation des sociétés sur l’Ukraine pour fuir l’occupation, ruptures de stocks)
  • Hausse des prix des céréales et de l’aliment.
  • Perte de marchés (canaux de vente) d’avant-guerre (localement et à l’export avec le blocage portuaire).
  • Manque de personnel d’une façon générale.
  • Retard de paiement avec toujours des dettes datant de l’avant-guerre.
  • Volonté de sauvegarder les cheptels avec une gestion de l’activité au jour le jour.
  • La nutrition, les soins vétérinaires, et l’écoulement de la production sont les principales préoccupations des éleveurs.

Cela se traduit par une baisse des productions animales et une hausse des prix de la viande. La trésorerie des exploitations qui vont à l’essentiel est limitée, les investissements sont gelés.

 

Nous constatons au sein de notre réseau une reprise des importations de produits vétérinaires, d’aliment, de produits d’hygiène, de génétique. Les commandes passées sont essentiellement prépayées. La principale difficulté est d’ordre logistique avec des coût de transport qui augmentent considérablement.

Situation chez les plus gros agroholding impliqués en élevage :

 

MHP, 350 000 ha, numéro 1 du poulet de chair, implanté dans le centre de l’Ukraine

  • Les sites de production du Groupe n’ont pas été touchés par la guerre.
  • Chute des exportations de poulet de chair dont une grande partie était acheminée par voie maritime.
  • Les usines de trituration n’ont pas été endommagées mais tournent au ralenti étant donné les problèmes logistiques qui perturbent les débouchés commerciaux export.

 

APK INVEST, plus gros éleveur porcin d’Ukraine implanté en région de Donetsk

  • Baisse du cheptel et de la production.
  • Difficulté de commercialisation, leurs principaux marchés étant l’Est et le Sud de l’Ukraine.
  • Manque de personnel du fait de leur localisation.

 

AVANGARD, numéro 1 en poule pondeuse, plusieurs implantations sur toute l’Ukraine

  • Perte de leur plus gros site de pondeuses à Chernobayevka (4mln de pondeuses) en région de Kherson.
  • Problèmes logistiques, d’approvisionnement et baisse des exportations.
  • Manque de personnel.

ASTARTA KIEV, 220 000 ha, plus gros producteur du sucre, 12000 vaches laitières

  • Baisse de la production laitière.
  • Gel des investissements d’une façon générale, 3 projets prioritaires :
    • Construction d’un silo en région de Tchernigov pour augmenter les capacités de stockage face au blocage des ports.
    • Construction d’un silo de stockage du sucre.
    • Installation d’une nouvelle ligne de transformation de soja.

HOMOLOGATION EN AGRICULTURE

Depuis la fin du mois d’avril, les Ministères et différents organismes d’expertise dans le domaine de l’agriculture ont repris progressivement leurs activités. Nos interlocuteurs sont aujourd’hui physiquement au travail.

Nous constatons la délivrance d’homologations qui étaient sur le point d’être finalisées au démarrage du conflit (les engrais notamment). Il est aussi désormais possible de déposer de nouveaux dossiers / lancer de nouvelles démarches d’homologation (engrais, adjuvants, produits organiques, biocides, détergents, …). Des mesures ont été prises pour s’adapter à la situation comme le report de la date limite de dépôt sur les dossiers engrais ou encore la possibilité de déposer des dossiers sur la base de documents électronique dans un premier temps pour démarrer les procédures.

On note aussi une volonté des autorités de soutenir le secteur agricole par la simplification des procédures liées à l’obtention d’autorisations durant la période de guerre :

  • Quelques allègements de la procédure d’enregistrement des produits agrochimiques.
  • Elargissement de la liste des produits agrochimiques qui peuvent être importés sur la base uniquement d’un avis sanitaire (et sans enregistrement).
  • Simplification des procédures phytosanitaires à la douane.
  • Procédures vétérinaires simplifiées pour le transport d’animaux.

 

Pour aller plus loin :