Basée à Briec dans le Finistère (29), Technovet s’impose comme un acteur clé de la nutrition animale et accélère son rayonnement à l’international via sa filiale Technovet Export. À la tête de cette stratégie d’expansion, Valérie Moisan dévoile comment la PME bretonne multiplie partenariats et adaptations pour conquérir de nouveaux marchés. Entretien avec une dirigeante à l’ambition export affirmée.
Pouvez-vous nous présenter la société Technovet, sa filiale Technovet Export, ainsi que votre rôle au sein de la structure ?
Technovet est une entreprise spécialisée dans la conception et la fabrication de compléments alimentaires pour animaux, principalement destinés aux ruminants sur le marché français. À l’origine, l’entreprise s’appuyait sur un réseau de vétérinaires, principal vecteur de sa clientèle.
Au fil des années, Technovet a diversifié ses activités, d’abord en s’ouvrant à l’international via Technovet Export, puis en rachetant il y a deux ans la société Bonapp, autrefois spécialisée dans les produits pharmaceutiques vétérinaires et également à base de plantes et macérats. Technovet a intégré le savoir-faire de Bonapp et adapté sa gamme afin d’être conforme aux nouvelles exigences réglementaires.
Désormais, Technovet ne se limite plus à la clientèle vétérinaire et propose ses produits également aux fabricants d’aliments, prémixeurs et fournisseurs d’additifs en France. L’entreprise conçoit et fabrique tous ses produits, y compris ceux destinés aux chevaux (via sa filiale Technovet Equine) et aux chiens et chats (via le LAboratoire du Bien-Être Animal – LABBEA), qui dispose de sa propre force commerciale pour répondre aux spécificités des différents circuits de distribution.
Je suis pour ma part gérante de la société Technovet Export. Avant de rejoindre Technovet, j’exerçais dans le développement de réseaux de distribution à l’export pour des produits d’alimentation animale, ce qui m’a permis de constituer un solide réseau international. Connaissant les associés de Technovet depuis de nombreuses années, j’ai été sollicitée lorsqu’ils ont souhaité développer l’export. Ensemble, nous avons créé Technovet Export, dont je possède aujourd’hui 70% du capital. Mon rôle consiste principalement à développer l’activité commerciale à l’international. J’ai notamment pris en charge le client suisse de Technovet et initié des démarches sur de nouveaux marchés internationaux.
Pourriez-vous nous parler de votre présence à l’international ?
La Suisse constitue historiquement notre plus ancien marché d’exportation. La Belgique, où notre distributeur a commencé en février 2025, représente un nouveau débouché. Nos produits sont également distribués en Espagne, en République Tchèque, en Hollande, au Canada, en Afrique du Sud, à Taiwan, en Corée et en Grèce notamment. Bien que les volumes restent modestes, nous sommes régulièrement présents sur ces marchés.
Par ailleurs, grâce à certains clients français qui exportent, nos produits sont également présents dans les Pays Baltes, en Italie ou encore en Équateur et en Thaïlande.
Notre objectif principal est de développer Technovet via le grand export.
Quel est votre stratégie de distribution ?
Notre stratégie de distribution est adaptée à chaque pays : nous collaborons avec différents types de distributeurs en fonction des réalités et des réglementations locales, tout en maintenant une commercialisation indirecte vers les usagers finaux. En France par exemple, avant le rachat de Bonapp, Technovet vendait uniquement à des vétérinaires et non aux fabricants ou aux premixeurs Français. Nos distributeurs commercialisent nos produits directement aux éleveurs ruminants en Suisse et en Belgique. En Grèce, notre distributeur cible principalement les vétérinaires et les centrales d’achats vétérinaires. En République tchèque, notre partenaire, plus modeste, travaille directement avec les éleveurs. En revanche, en Espagne, la revente se fait en animalerie et via du e-commerce spécial volailles pour un de nos partenaires espagnols.
S’agissant des produits destinés aux animaux de compagnie, comme au Vietnam où nous avons récemment homologué de nouveaux produits, notre client est un fabricant d’aliments pour animaux qui distribue également nos produits, aussi bien auprès des vétérinaires que dans les animaleries.
Notre objectif principal est de développer Technovet Export à l’international, avec une attention particulière portée sur les marchés du grand export. Grâce au soutien de BPI et à la mise en place d’une assurance prospection, nous ciblons désormais plusieurs pays d’Amérique latine, ainsi que la Thaïlande et Singapour.
Comment sélectionnez-vous les pays à cibler pour votre prospection ?
Pour sélectionner les pays nous nous appuyons tout d’abord sur des études de marché approfondies, afin d’identifier les zones à fort potentiel, notamment dans les secteurs des ruminants, du petfood, et de la volaille. Nous analysons plusieurs critères comme la taille du marché en nombre d’éleveurs, la croissance du secteur ainsi que la complexité réglementaire propre à chaque pays et qui peut parfois orienter nos priorités.
Nous privilégions également les pays où nous avons déjà noué des contacts ou des partenariats, tout en structurant notre démarche grâce à la collaboration avec des organismes spécialisés comme la CCI, Business France ou bien sûr BCI, qui facilitent la mise en relation avec des prestataires locaux et la réalisation d’études de marché ciblées.
Une fois les marchés prioritaires identifiés, par exemple le Chili et le Brésil, qui est le premier marché mondial du petfood, nous engageons le processus d’enregistrement de nos produits.
Comment procédez-vous à l’enregistrement de vos produits à l’étranger ?
L’enregistrement de nos produits à l’international varie selon les pays et la nature des produits concernés (nutrition animale, compléments alimentaires, cosmétiques, etc.). Généralement, cette démarche est initiée et portée par notre distributeur local. Toutefois, dans certains cas, Technovet Export prend en charge directement l’enregistrement. Cette procédure représente souvent un investissement conséquent, c’est pourquoi je privilégie un partage des coûts avec le distributeur afin d’évaluer sérieusement son engagement à promouvoir nos produits. Les délais d’enregistrement sont très variables ; ils peuvent aller de quelques mois à plus d’un an et demi selon la réglementation de chaque marché.
En Europe, la procédure d’enregistrement est relativement simple et nous sommes notamment exportateurs agréés en Suisse. Nos produits sont également enregistrés au Vietnam, où quatre références de notre gamme petfood sont déjà autorisées. En Corée du Sud, suite à notre participation au salon VivAsia, nous avons pu commercialiser nos produits sans enregistrement préalable. Cependant, nous avons entamé les démarches officielles pour obtenir les homologations nécessaires en Corée du Sud et au Vietnam, afin d’élargir progressivement notre gamme sur ces marchés.
Votre participation à des salons internationaux est un levier de prospection intéressant ?
Oui, les salons professionnels internationaux jouent un rôle clé dans notre stratégie de développement. Ils sont essentiels pour accroître la notoriété de notre entreprise et pour établir des contacts durables avec des partenaires et des clients. À ce titre, nous avons pris part à des événements majeurs du secteur, tels que VivEurope à Utrecht, EuroTier à Hanovre, et surtout VivAsia, qui s’est révélé particulièrement porteur en termes d’opportunités concrètes. Prochainement, nous prévoyons de participer à VivMEA à Abu Dhabi, en réunissant toutes nos filiales afin de valoriser l’ensemble de nos gammes de produits.
Outre les salons, nous utilisons largement LinkedIn pour activer et entretenir le réseau professionnel, en particulier grâce à des contacts issus de mes expériences passées en Amérique latine. Notre site internet n’étant pas encore très développé, nous privilégions pour l’instant le réseautage direct et le bouche-à-oreille professionnel afin de soutenir notre démarche de prospection.
Vous avez réalisé un diagnostic export avec BCI. Quel en a été l’impact sur la stratégie internationale de votre entreprise ?
J’ai effectivement réalisé un premier diagnostic export au tout début de la création de mon entreprise. À cette occasion, j’ai bénéficié de l’accompagnement du conseiller international basé dans la CCI29 et qui m’a aidé à structurer ma démarche. Cette expérience s’est révélée très précieuse : elle m’a permis de prendre conscience que, faute de recul, je testais plusieurs marchés en même temps, sans réelle stratégie définie. Sur ses conseils, j’ai compris l’importance de concentrer mes efforts sur certains pays ou axes prioritaires, afin d’éviter de me disperser et d’optimiser mes chances de succès.
Au démarrage, on est souvent tenté de saisir toutes les opportunités qui se présentent, sans forcément suivre un plan stratégique précis. Aujourd’hui, avec le recul et la croissance de l’entreprise, un nouveau diagnostic export me semble indispensable. Il devrait me permettre de clarifier ma stratégie, d’identifier les marchés les plus porteurs, et de définir plus précisément les axes de développement prioritaires. J’attends de cet accompagnement qu’il m’aide à faire des choix éclairés entre les différents marchés.
Pour réussir à l’export il est essentiel de bien s’entourer, de s’organiser rigoureusement, de privilégier le contact direct et de s’informer sur les différences culturelles.
Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs qui souhaitent se lancer à l’export ?
Avant de se lancer à l’export, il est primordial de bien s’entourer et de sélectionner soigneusement ses partenaires. Lorsque j’ai débuté, j’ai par exemple pu m’appuyer sur l’expérience et la réputation solide d’une entreprise reconnue dans mon secteur, ce qui a grandement facilité l’accès au marché, la gestion logistique et la fabrication des produits.
Il est aussi indispensable de s’organiser rigoureusement, surtout si l’on cumule plusieurs activités. J’ai accepté de présider l’AFTAA, une association professionnelle très connue en France qui évolue dans le domaine de formation pour la nutrition animale, à condition de pouvoir déléguer certaines tâches, afin de préserver l’équilibre avec ma propre entreprise.
Par ailleurs, le contact direct reste essentiel : participer à des salons professionnels, même sans exposer, permet d’évaluer les opportunités et de nouer des relations de confiance avec de futurs partenaires. Néanmoins, il faut bien choisir ses événements et être attentif au retour sur investissement, car tous ne procurent pas les mêmes résultats.
Enfin, il est fondamental de s’informer sur les différences culturelles du marché ciblé. Lors du Viv’Asia, par exemple, il m’a fallu m’adapter à des codes spécifiques dans les échanges professionnels. La réussite à l’international repose avant tout sur la construction de relations de confiance durables, nécessitant souvent plusieurs rencontres et un véritable engagement sur le long terme.