Depuis sa création en 2021, ZALG s’est imposée comme une entreprise pionnière dans la valorisation des algues bretonnes à travers une gamme de produits innovants et durables. Dans cette interview, Tanguy Gestin, co-fondateur de la société revient sur la genèse du projet, les produits phares de l’entreprise et ses ambitions de développement à l’international, notamment en Europe. Une aventure entrepreneuriale entre terre et mer, guidée par l’innovation et l’engagement.

 


 

Pourriez-vous nous présenter ZALG ?

 

J’ai cofondé ZALG en 2021 avec Vincent Lacaze, après une formation d’ingénieur agroalimentaire et une dizaine d’années d’expérience dans l’industrie agroalimentaire. Nous avons créé l’entreprise à Saint-Avé (56), avec l’ambition d’innover dans le domaine de l’alimentation. Notre société est spécialisée dans le développement de produits à base d’algues et notre volonté est de proposer des alternatives innovantes, nutritives et éco-responsables, tout en valorisant une ressource locale. Nous travaillons majoritairement avec des producteurs d’algues bretons, ce qui nous permet de garantir la qualité, la fraîcheur et la traçabilité de nos matières premières.

 

Quels types de produits proposez-vous aujourd’hui  et à quels types de clients vous adressez-vous ?

 

Chez ZALG, nous travaillons l’algue sous toutes ses formes : en produits secs, frais ou surgelés. Nous proposons des assaisonnements et condiments comme l’Umamix, des algues brutes séchées ou fumées, mais aussi des salades de wakamé prêtes à l’emploi. Nous développons également des produits cuisinés qui s’inspirent aussi bien des usages occidentaux, acras aux algues, bâtonnets croustillants, sauces, que des usages asiatiques, comme les salades ou les feuilles de nori. Notre idée est de montrer que les algues ont leur place dans différentes cultures culinaires et de les rendre accessibles au quotidien.

Notre cœur de cible est composé des acteurs de la Restauration Hors Domicile, avec des chefs, restaurateurs et distributeurs spécialisés qui recherchent des ingrédients innovants et durables. Nous collaborons avec eux pour intégrer nos produits dans des menus, où les algues apportent du goût avec une touche à la fois originale et naturelle.

Nous travaillons avec la distribution spécialisée bio afin de rendre les algues accessibles au grand public. C’est un réseau qui valorise les démarches durables et locales, en cohérence avec notre vision. Nous y proposons des produits simples à utiliser au quotidien : assaisonnements, sauces, produits surgelés, pour permettre à chacun d’intégrer les algues facilement dans son alimentation.

 

L’export constitue pour nous un levier stratégique.

 

Travaillez-vous déjà à l’international, et si oui, dans quels pays êtes-vous présents aujourd’hui ?

 

À l’origine, notre développement à l’export est né de façon assez opportuniste en répondant à des demandes entrantes.  Puis, au fil des mois, notre présence dans des salons professionnels à l’étranger nous a donné l’occasion de nouer des premiers contacts sérieux. Progressivement, nous avons structuré notre offre pour qu’elle corresponde aux attentes spécifiques de chaque pays. Par exemple, nous proposons certains de nos produits en marque blanche, ce qui facilite leur intégration dans les rayons des grandes enseignes étrangères. Nous avons également orienté notre développement vers le secteur de la restauration hors foyer, ou foodservice.

Aujourd’hui, nous sommes déjà actifs en Suisse, où nous collaborons avec un distributeur local spécialisé pour la restauration. Au Royaume-Uni, nos premières livraisons en BtoB devraient avoir lieu à partir du mois de septembre. Nous avons également des perspectives très concrètes en Allemagne ainsi que dans la zone Benelux, que nous étudions actuellement.

L’export n’est pas un objectif prioritaire en soi, car notre première mission reste de bien couvrir le territoire national. Cependant, il constitue clairement pour nous un levier stratégique. Il nous permet à la fois de valoriser notre savoir-faire français et de répondre à une demande mondiale croissante pour des alternatives alimentaires durables.

 

Quels sont les critères qui vous poussent à choisir un pays plutôt qu’un autre pour votre développement ?

 

Nous commençons toujours par une phase d’analyse afin d’identifier le potentiel réel du marché. Cela passe par des études de consommation, la compréhension des habitudes alimentaires, l’évaluation du pouvoir d’achat, ou encore l’intérêt croissant des populations locales pour les produits durables. Pour cela, nous collaborons avec des étudiants en école de commerce notamment qui ont pris en charge des études de marché. Ensuite, nous cherchons systématiquement à nous adosser à des relais locaux de confiance : des distributeurs, des partenaires logistiques ou même commerciaux. Le critère de faisabilité opérationnelle est déterminant. L’écosystème dans lequel on évolue est pour nous très important.

 

Les salons internationaux constituent-ils un axe de prospection prioritaire pour vous ?

 

C’est en effet un pilier essentiel de notre stratégie commerciale. Participer à des salons de référence nous permet non seulement de renforcer notre visibilité sur les marchés, mais aussi d’étoffer notre réseau de partenaires. Nous avons participé à des événements majeurs comme le SIAL Paris, le SIRHA Lyon ou le Seafood Expo Global à Barcelone. Ces rendez-vous sont l’occasion de présenter nos dernières innovations, d’échanger avec des acteurs clés du secteur et de participer à des démonstrations culinaires mettant en valeur nos produits.

Lors du SIAL 2022, notre produit « IO’DÉS », des dés d’algues à poêler, a remporté la médaille d’or du Grand Prix Innovation. Cette distinction a été un véritable coup de projecteur pour nous. Elle a crédibilisé notre démarche et confirmé l’intérêt du marché pour des solutions novatrices. Ce type de reconnaissance nous ouvre des portes, tant à l’international qu’auprès de la distribution française.

En participant à ces salons avec l’accompagnement de BCI nous avons une visibilité optimisée sur les pavillons collectifs bretons. Leur accompagnement logistique nous permet de nous concentrer sur l’essentiel que sont nos produits et nos rencontres. C’est aussi l’occasion d’échanger avec d’autres entreprises bretonnes et de construire des synergies locales intéressantes.

 

Les rendez-vous acheteurs nous permettent de mieux comprendre les attentes des marchés cibles.

 

Vous participez également à des opérations acheteurs organisés par BCI et leurs partenaires. Qu’est-ce que cela vous apporte ?

 

Nous participons en effet régulièrement à des journées de rendez-vous avec des acheteurs étrangers organisés par BCI et/ou ses partenaires comme EEN ou Business France. Nous avons par exemple participé au dernier Business Meeting Produits Surgelés en avril dernier, un événement qui nous a permis de rencontrer directement les acheteurs de l’enseigne britannique Marks & Spencer. Ce genre de rendez-vous est extrêmement enrichissant, car il nous donne des retours concrets et nous informe sur les attentes spécifiques des grands distributeurs.

En novembre 2024, nous avons aussi pris part aux Business Meetings FREE FROM & SPECIALTY FOOD, un format en ligne cette fois, qui organisait des rendez-vous BtoB entre des acheteurs internationaux et des entreprises bretonnes. Cette diversité dans les formats permet de multiplier les points de contact.

Au total nous avons participé à 7 journées « rencontres acheteurs » depuis deux ans. Toutes ces rencontres ne débouchent pas toujours sur des collaborations concrètes mais on sait que conclure un partenariat ou signer un contrat demande du temps. En revanche, toutes ces rencontres sont porteuses d’enseignements. Elles nous permettent de mieux comprendre les attentes des marchés cibles, quels que soient les pays ou les types d’acheteurs. À moyen ou long terme, cette connaissance est précieuse pour adapter notre offre et affiner notre stratégie d’exportation.

 

Quels conseils donneriez-vous à une jeune entreprise qui souhaite se lancer à l’export ?

 

Le premier conseil que je pourrais donner, c’est de toujours garder à l’esprit que l’exportation demande du temps et les retours sur investissements ne sont pas immédiats. Pour vous donner un exemple concret, cela fait plus d’un an que nous préparons notre arrivée sur le marché britannique, or les premières palettes commencent à partir en septembre. Il faut donc faire preuve de patience, de constance et de persévérance.

Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer les contraintes administratives et logistiques. Les exigences réglementaires varient d’un pays à l’autre, et elles ne doivent surtout pas être prises à la légère. Je pense notamment à l’envoi d’échantillons au Royaume-Uni qui a représenté un petit défi pour nous. C’est tout aussi complexe lorsqu’il s’agit de produits surgelés : il est impératif de respecter la chaîne du froid, ce qui suppose de pouvoir compter sur des transporteurs vraiment fiables. On finit toujours par y arriver, bien sûr, mais cela demande de l’énergie, de l’anticipation, et une grande rigueur pour que tout se déroule correctement, de la production à la livraison.

De plus il ne faut pas oublier de s’adapter aux spécificités locales : cela passe par les labels, les certifications, les formats de produits, les habitudes de consommation… Chaque marché a ses propres exigences, et il est essentiel de les intégrer dès le départ dans sa stratégie.

Pour finir, un point très important : il faut s’impliquer humainement. L’export c’est avant tout une affaire de relations. Il faut être présent sur les salons, revenir régulièrement, organiser des démonstrations, entretenir le lien avec les partenaires, les distributeurs, les clients… Rien ne remplacera jamais le contact humain et les déplacements. Cela demande du temps, des moyens et beaucoup d’énergie, mais c’est indispensable si l’on veut se faire connaître et s’implanter durablement à l’international.