Mis à jour le 31/08/2022

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Pascal Hiéronimus, prestataire agréé de BCI à Kiev et dirigeant de Est Expansion, société implantée en Ukraine depuis près de 25 ans et spécialisée dans le développement d’entreprise française en Ukraine, propose aux entreprises bretonnes une veille de l’activité économique et business en Ukraine depuis le début du conflit.

Est Expansion se réorganise depuis l’invasion Russe pour poursuivre ses activités et supporter aux mieux ses équipes et ses clients.

Cette note a pour objectif de partager son expérience et sa vision du terrain sur les dernières semaines, les évolutions de l’activité économique et des opérateurs en Ukraine depuis l’invasion russe.

CONTEXTE ET FAITS MARQUANTS

A fin août, toujours environ 20% du territoire Ukrainien reste occupé. Les combats d’une grande violence se poursuivent dans le Donbass. La pression sur le sud est très forte aussi sur des zones momentanément occupées ou sur des villes comme celle de Nikolaïev chaque jour bombardée. La ville de Kharkiv est aussi fortement sous pression. Néanmoins, la ligne de front semble se stabiliser et il n’y a pas d’avancée militaire significative depuis plusieurs semaines.

La vie dans le reste de l’Ukraine reprend son cours « presque » à la normale ce qui est très surprenant. Les sirènes d’alerte, les blocs post et le couvre-feu nous rappellent pourtant que le pays est bien en guerre.

Pas de réel changement de la situation d’un point de vue économique depuis 2 mois. Pas d’amélioration non plus. Une inflation forte accélérée par une dévaluation de la Hryvnia est avérée. L’inflation pourrait atteindre 30% en 2022, tandis que le PIB pourrait lui chuter de plus de 40% sur l’année.

Ce contexte ne permet évidemment pas aux entreprises de se projeter. Elles vivent pour la plupart au jour le jour et diminuent toujours leurs charges fixes notamment sur les effectifs causant des situations personnelles très compliquées. Les exportateurs s’en sortent mieux. La réouverture des ports à l’exportation des céréales est aussi une avancée pour l’agriculture mais loin d’être suffisante aux besoins d’exportation du pays et aux conséquences pouvant être désastreuses pour les agriculteurs.

Certains investisseurs qui avaient stoppés leurs opérations en Ukraine en février ont décidé de redémarrer leurs activités. C’est le cas du géant américain McDonald’s qui annonce courant août rouvrir progressivement quelques restaurants en Ukraine.

La loi martiale a été prolongée jusqu’au 21 novembre 2022.

DEVALUATION DE LA HRYVNIA

L’Ukraine connait une détérioration rapide de sa balance commerciale depuis le début de la guerre, causée principalement par la baisse des exportations de produits métallurgiques, chimiques et agricoles et l’augmentation du coût de l’import de produits énergétiques.

La banque centrale d’Ukraine a procédé le 21 juillet à une dévaluation de la Hryvnia à hauteur de 25%. Il s’agit d’un « palier de décompression » en attendant la remise en cours flottant de la monnaie. La banque centrale a conservé la plupart des restrictions sur le marché des changes introduites depuis le début de l’invasion russe pour empêcher un effondrement de la devise nationale.

Cette dévaluation impacte évidemment les importations en Ukraine, elle fragilise encore davantage les capacités financières des importateurs locaux.

C’est une bonne nouvelle en théorie pour les exportations. A voir désormais dans quelle mesure cela va dans le sens d’une augmentation des flux exportés par plus de compétitivité. D’une façon générale, nous ne voyons pas pour le moment de baisse des tarifs en devise pratiqués par les exportateurs. Ces derniers sont aussi pénalisés par des retards de remboursement par l’Etat de leur crédit de TVA.