Mis à jour le 24/09/2025
/Ce contenu est obsolète. Dans un souci constant de pertinence et de qualité, BCI choisit de mettre en ligne des informations récentes. Nous vous invitons à formuler une nouvelle requête dans la barre de recherche du site de BCI.
Des pressions accrues sur le secteur
À mesure que les pressions augmentent de la part de la société civile, les acteurs des sciences de la vie reconnaissent la nécessité de favoriser et d’adopter des pratiques durables avec une approche de « bout en bout ». Une communauté internationale émerge et se fédère désormais pour identifier et faire appliquer des mesures de durabilité qui auraient de l’impact aussi bien du côté des sous-traitants qu’au niveau des laboratoires, avec pour impératif de ne pas compromettre la qualité de la R&D, clé de voûte pour les sciences de la vie.
Pointées comme à la traîne par rapport à d’autres secteurs et comparées de manière défavorable avec d’autres secteurs jugés polluants, les industries biotechnologiques et pharmaceutiques sont en effet encouragées à ne pas sous-estimer le poids de l’empreinte carbone accumulée par les sciences de la vie à l’échelle globale. En témoignent la démultiplication d’études scientifiques consacrées à l’évaluation de cette empreinte ces cinq dernières années, largement couvertes par la presse.
Afin de mobiliser la communauté scientifique autour de ces sujets, plusieurs campagnes médiatiques ont également été menées par des coalitions nouvellement constituées, à l’instar de Million Advocates for Sustainable Science, initative lancée en 2022 par l’International Institute for Sustainable Laboratories.
La durabilité des sciences de la vie est par ailleurs un thème montant pour les grands rendez-vous professionnels du secteur depuis 2 ans. Sans compter qu’un nombre croissant d’organismes de financement et d’institutions intègrent désormais des critères de durabilité pour attribuer les subventions aux projets de R&D et dans leurs processus d’évaluation.
Des leaders attentifs au « zéro-émission »
En réponse, les PDGs des grands leaders mondiaux de la pharmaceutique* ont constitué un groupe de travail, la Sustainable Markets Initiative Health Systems Task Force. Dans une lettre ouverte adressée à la chaîne de sous-traitance en juillet 2023, ils ont conjointement prôné un changement systémique, appelant à rendre toute la chaîne de valeur plus écologique, plus efficace et plus circulaire.
Ils y détaillent une liste d’objectifs à atteindre pour la chaîne de sous-traitance, pointée comme la plus grande contributrice aux émissions du secteur.
Afin de réduire la complexité des demandes qui se démultiplient et pour éviter les divergences, la task force a défini un socle d’attentes communes quant aux objectifs que les fournisseurs devraient atteindre à minima, à commencer par l’adoption des énergies renouvelables, s’alignant en cela avec la Pharmaceutical Supply Chain Initiative.
Pour relever le défi du Scope 3, l’industrie a également lancé une série de programmes pour aligner les demandes et aider les fournisseurs à atteindre des objectifs définis à l’échelle sectorielle. Plusieurs multinationales** ont ainsi sponsorisé Converge, une initiative collaborative plaçant la durabilité au premier plan de l’industrie pharmaceutique et de sa chaîne d’approvisionnement. Converge est plus particulièrement destinée à encourager les sous-traitants à réduire l’impact environnemental des laboratoires dans la chaîne de valeur en s’appuyant sur la certification fournie par My Green Lab, étoile montante de l’évaluation des laboratoires selon des critères de développement durable. En amont de la COP 28, My Green Lab a de son côté publié la 3e édition de son rapport Carbon Impact of Biotech & Pharma, qui salue des progrès réalisés pour l’adoption d’objectifs zéro émission nette au sein des entreprises biotechnologiques et pharmaceutiques entre 2022 et 2023 : de plus en plus d’entreprises du secteur auraient rejoint l’initiative Race to Zero et la campagne 2030 Breakthrough Outcomes, toutes deux soutenues par l’ONU.
À l’instar d’autres études, le rapport conclut toutefois que les initiatives durables doivent encore accélérer au sein de l’industrie, une majeure partie des entreprises cotées en Bourse n’ayant toujours pas fixé d’objectifs à moyen terme sur les Scopes 1 et 2.
*AstraZeneca, GSK, Merck, Novo Nordisk, Sanofi, Roche, Samsung Biologics
** Amgen, AstraZeneca, Bristol Myers Squibb, GSK
Un enjeu concurrentiel à l’international ?
Les économies leaders de la pharmaceutique et des biotechnologies, à savoir l’Inde, la Chine, les USA ou encore l’Irlande, ont bien pris note des pressions croissantes en faveur d’une plus grande durabilité. Dans ces pays, les fabricants d’ingrédients pharmaceutiques actifs et les sous-traitants en R&D sont d’autant plus sommés d’accélérer.
À en croire les échos des derniers grands salons, la chimie verte serait de plus en plus incluse dans les considérations des grands groupes pour développer des activités « saines et durables ». Alors que l’industrie cherche à minimiser l’utilisation et la production de substances dangereuses, des technologies comme la chimie en continu, la catalyse enzymatique, les réactions photorédox ou la biologie synthétique sont considérées comme les plus prometteuses pour la synthèse des médicaments. Pour verdir ses procédés, le secteur ne néglige pas non plus de développer l’intelligence artificielle et l’informatique quantique, jugées prometteuses bien que leur empreinte carbone soit de plus en plus scrutée à la loupe.
Outiller les laboratoires pour une R&D plus durable
Minimiser l’empreinte environnementale de la recherche en sciences de la vie implique l’adoption d’exigences plus élevées en matière de durabilité et de résilience dans la manière dont la recherche elle-même est menée, à commencer par le partage de bonnes pratiques concrètes à l’échelle du laboratoire, et ce, pour tous les maillons de la chaîne de valeur. Afin de fournir des pistes et orientations possibles, le Wellcome Trust a récemment passé en revue les efforts déployés dans le monde entier en matière de R&D durable. L’organisation a ainsi identifié 146 initiatives volontaires en faveur de la durabilité, qu’elle a classées selon les 8 catégories ci-dessous :
- la structuration de réseaux professionnels (par ex. Laboratory Effciency Action Network, Sustainable European Laboratories, Future Earth, Max Planck Sustainability Network) ;
- les campagnes de sensibilisation (par ex. Radboud International Travel, Be Good in the Hood, International Freezer Challenge) ;
- les outils de mesure et d’efficacité(parex. CodeCarbon, fMRI PrepCarbon Tracker, Green Algorithms, Carbon Footprint Modelling) ;
- les cadres directeurs (par ex. UKRI Net Zero Digital Research Infrastructure, NIHR Carbon Reduction Guidelines, Concordat on Research Sustainability) ;
- les programmes pédagogiques (par ex. Beyond Benign’s Green Chemistry Teaching and Learning Community, Carbon Literacy Project, International Institute for Sustainable
Laboratories) ; - les programmes de certification et de normalisation (par ex. LEAF, My Green Lab) ;
- les programmes de financement (par ex. UK Medical Research Council – Environmental sustainability in life sciences) ;
- les fournisseurs de services durables (par ex. Green Machine Computers, Green Light Laboratories, etc.).