Mis à jour le 23/06/2022
/Pierre Dhomps, société Energy7 International et prestataire agréé de BCI en Chine propose une enquête menée sur le thème des compatibilités EUROPE / CHINE via sa newsletter d’octobre 2021 :
“À une époque où la Chine et les États-Unis, pour une raison de leadership mondial, s’attaquent frontalement, ne peut-on pas imaginer que ce soit au niveau de l’Europe que se situe la clé du problème ? D’abord pour s’écarter du déferlement de sanctions réciproques que s’adressent les deux plus grandes nations de la planète, sanctions dont on connaît la faible efficacité, voire la contre-productivité.
Il est clair que face à ces deux superpuissances, nous me pouvons agir qu’au travers de l’Union Européenne. Sans pour autant renoncer à ses principes, l’UE peut se prévaloir de facteurs économiques et commerciaux susceptibles d’intéresser la Chine. Encore faut-il créer une envie réciproque de coopération à réaliser dans la cadre d’un respect mutuel sans qu’une des deux entités ne cherche à faire mordre la poussière à l’autre.
Pour dire vrai, l’Europe dispose d’un atout essentiel de même qu’une alternative en termes de gouvernance. La Chine est en effet son premier partenaire économique, de même que le marché européen est toujours le premier marché mondial.
C’est d’ailleurs dans ce contexte d’intérêt réciproque manifeste qu’a été signé le 31 décembre 2020 le fameux « Accord global sur les investissements » au terme de 9 années de négociations souvent difficiles. Il devrait offrir de larges possibilités d’actions aux entreprises européennes en leur donnant une plus grande ouverture du marché chinois et des pays signataires (les 10 pays de l’Asean, la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande) qui représentent à eux seuls un tiers du PIB mondial. Certes cet accord n’est pas parfait et il a encore besoin d’être mieux précisé et d’être ratifié par chacun des états membres. Mais il a notamment l’intérêt pour les entreprises européennes, souvent confrontées à des obstacles de toute nature pour leur implantation, de faciliter considérablement la réglementation par leur introduction dans ce qui peut s’apparenter à une très vaste zone de libre-échange. Pour s’en rendre compte, il suffit d’observer les efforts très importants déployés notamment par les grandes sociétés allemandes (Volkswagen, Siemens et BMW) pour parvenir à cet accord de même que les grandes banques françaises. La preuve manifeste d’un intérêt commun !
Il est par ailleurs exact de constater que l’affrontement sinoaméricain a permis, notamment à l’UE, de prendre conscience et de mettre un terme à certains excès, en particulier quand la pépite allemande de la robotique, Kuka, est passée sous pavillon chinois sans que la chancelière Angela Merkel ne puisse légalement intervenir. Plusieurs autres exemples de ce type pourraient être cités. C’est ainsi que Thierry Breton, commissaire européen, a mis en place un dispositif dont le but est de surveiller et de contrôler les investissements des pays tiers dans des secteurs considérés comme étant sensibles et stratégiques.
Mais l’objectif reste bien d’encourager les échanges économiques entre la Chine et l’Europe et pour reprendre les paroles de M. Breton de le faire à « des conditions équitables sur une base de loyauté et de réciprocité ».
Pour l’UE, la Chine est à la fois un concurrent économique et un partenaire, de même qu’une alternative ou un rival en termes de gouvernance. Tout dépend où se place le curseur.
Cela n’empêche pas que des sérieux progrès ont été réalisés par l’Europe au sein d’un programme de recherche et d’innovation, appelé « Horizon Europe ». Le but est d’aider les chercheurs à mieux comprendre la Chine pour favoriser des échanges et collaborations sécurisés. Cette approche pragmatique devrait à terme apaiser les relations socio-économiques entre l’UE et la Chine, avec un partage d’idées claires et acceptées de part et d’autre, en toute indépendance et sans avoir besoin de se rallier aux seules injonctions américaines s’abritant, ne l’oublions pas sous le slogan « America First »… décliné par l’ancien président Donald Trump et repris par son successeur Joe Biden, comme on a pu s’en rendre compte lors de la malheureuse affaire des sous-marins avec l’Australie.”
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