Mis à jour le 10/06/2022

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Face aux remous géopolitiques et à la crise sanitaire, les secteurs bretons ont présenté des degrés de résistance variés à l’export en 2020, ce qui reflète aussi leurs dépendances respectives vis-à-vis des grands marchés clés à l’international et de leurs propres polarisations.

La crise agit comme un révélateur du manque de coopération commerciale et de la nécessaire diversification des approvisionnements.

 

Des tensions qui ne sont pas encore retombées

Les marchandises subissent elles-mêmes leurs propres cycles de perturbations face à de multiples transitions et reconfigurations. Comme le pointe l’Organisation de coopération et de développement économiques dans son dernier rapport No ordinary recovery, navigating the transition, la différence observée dans la vigueur des reprises économiques est nettement déterminée par l’ampleur du soutien apporté par les pouvoirs publics aux travailleurs et aux entreprises vulnérables, mais aussi par la dépendance d’un pays à l’égard de secteurs particuliers, en particulier le tourisme, et enfin par les politiques de santé publique.

De plus, depuis le début de la pandémie, les consommateurs dépensent bien moins en services et davantage en biens, ce qui a profité aux pays plus fortement impliqués dans les chaînes d’approvisionnement.

L’organisation établit dans tous les cas une corrélation directe entre la rapidité du redressement économique observé dans certains pays et leur déploiement rapide de la vaccination ou leur efficacité à avoir contrôlé sa propagation grâce à des stratégies de santé publique efficaces, comme en témoigne le regain de l’économie américaine.

Si les taux de vaccination progressent à un bon rythme dans de nombreuses économies avancées, les pays plus pauvres et les économies émergentes risquent toutefois d’être laissés pour compte et de rester exposés à des risques fondamentaux. Il ne faut donc pas exclure la menace d’un nouvel affaiblissement de la croissance qui serait plus difficile à amortir et qui entraînerait une augmentation des inégalités et de la pauvreté suffisante pour inquiéter les marchés financiers et induire une forte volatilité.

Dans l’attente que les capacités de production se normalisent et que la consommation se rééquilibre, un autre risque est de plus en plus pointé, celui d’une hausse de l’inflation, car les prix des produits de base ont augmenté rapidement, voire même flambé dans les secteurs où la production est trop concentrée, notamment la pharmaceutique, les matériels médicaux et les équipements informatiques et électroniques, tout en causant des goulets d’étranglement majeurs sur ces marchandises, tandis que les tensions sur les prix montent face aux perturbations du commerce mondial.

 

2020 nécessite des pondérations croisées

Au-delà des impacts opérationnels qu’a eu la pandémie tout au long de l’année 2020, la situation a présenté de nombreux challenges pour les entreprises tant en raison des importations face à un ralentissement de l’activité sur nombre de marchés internationaux qu’en raison des fluctuations des devises et des remous observés sur les chaînes de valeur.

Comme le soulignent les observateurs du commerce international, les reprises divergent grandement d’un pays à l’autre, et surtout d’un secteur à l’autre, véritable reflet des secousses subies depuis des mois. Cela se ressent aussi sur les échanges régionaux.

Les reculs affichés en 2020 par les exportateurs bretons sur les marchés cibles sont ainsi très fortement pondérés par les spécialisations sectorielles de ces marchés, sachant que la baisse des expéditions de véhicules automobiles représente à elle-seule ~ 47 % des 1,24 Md€ de pertes affichées par les exportations bretonnes en valeur, tandis que les moteurs, génératrices, pompes, compresseurs, et matériels de distribution ou de commande électrique ont cumulé ~ 20 % de ces pertes, la BVP ~ 6 % , les produits de la mer ~ 6 %, les produits de beauté ~ 5 % et l’électronique ~ 4 %.

Ces différents secteurs tendent d’ailleurs à avoir affiché des reculs encore plus brutaux qu’au niveau national. Les viandes, le numérique, les fruits, légumes et autres cultures font à l’inverse partie des spécialisations régionales qui ont vu leurs exportations afficher une résistance relative face à la conjoncture internationale tout au long de 2020, notamment par comparaison avec les ventes nationales, de même que la plasturgie, la métallurgie, la chimie, les équipements agricoles, les produits d’extraction ou le bois et papeterie.

Les produits laitiers ont quant à eux « sur-performé » vers de nombreuses destinations par rapport aux évolutions affichées par les exportations françaises dans le secteur, au même titre que l’élevage, les matériels médicaux et l’aéronautique (à l’inverse de la France, plombée par le coup d’arrêt mondial dans ce secteur), ou la mode et les matériaux de construction. En parallèle, la pharmaceutique et l’alimentation animale bretonnes ont bénéficié d’une conjoncture positive mais moins marquée que pour les exportateurs français.

Les différents secteurs ont aussi présenté des degrés hétérogènes de recentrages ou de diversifications à l’export au cours de l’année passée, notamment en fonction de leur dépendance aux marchés intra-UE27 (en particulier sur la zone euro) d’une part, et de leur compétitivité face aux perturbations sur les marchés américain, anglais, chinois ou émergents d’autre part, sans négliger la volatilité des cours et les évolutions des comportements des clients finaux.

Face au ralentissement durable de la demande précisément sur ces marchés au 1er trimestre, et tandis que les USA tendent à reculer depuis 5 ans en tant que partenaire de la France et de la Région, la Chine et les pays d’Orient ont encore gagné en importance en tant que destinations des exportations bretonnes en 2020. C’est ici aussi à pondérer, cette fois à l’aune du poids de l’agroalimentaire, l’appétit oriental ayant quasiment à lui-seul assuré la résistance du commerce extérieur régional l’an passé.

 

Signaux mixtes au global au 1er trimestre 2021

Au 1er trimestre 2021, les degrés de reprise affichés par les secteurs sont tout aussi variés, et ce, que ce soit au niveau mondial ou dans le détail des retours ou non de la demande aux niveaux nationaux. Seuls quelques secteurs comme l’automobile, la BVP, la mode, le mobilier et le naval affichent très clairement des indicateurs de ralentissement durable au global alors que les signaux sont plus mixtes ou plus optimistes pour la plupart des autres secteurs clés de l’export breton.

D’un point de vue géographique, les principales inconnues pour le commerce breton en 2021 demeurent l’impact effectif du Brexit, déjà ressenti au 1er trimestre, et la reprise qu’affichera la demande sur les marchés européens limitrophes, américains et asiatiques au fur et à mesure que progresseront les campagnes de vaccination et le déploiement des plans de relance nationaux et sectoriels selon leurs orientations respectives.

 

 

 

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